— Rolande. Zordi je quitte mon karo la terre, Je quitte le Brulé, je descende Sinn-Ni pou Magloire et pou ta main.
Victoire Magloire, agriculteur modeste au Brûlé, dans les hauts de Saint Denis, est amoureux de Rolande. Il demande la main de Rolande à son père. Celui-ci la lui refuse au prétexte que Victoire ne sait ni lire ni écrire. Victoire décide alors de descendre dans la capitale et fait la promesse de revenir en lettré, épouser Rolande.
— Moin c’est le der de la der des der. La pa ninporta ki i pé m’en voir en face, seul bann l’esprits forts kom zot i pé voir la guerre ek son bann morts en face, i pé voir in poilu en face. Parce que poilu na pu…
Victoire Magloire
Intentions
Nous avons choisi de raconter le parcours d’un poilu réunionnais de son recrutement à son retour sur l’île. Ce parti pris d’individualisme nous semble le plus à même de mettre en relief l’héroïsme comme l’absurdité de la guerre. Notre héros traverse toutes les grandes batailles. Son besoin de reconnaissance est au cœur de l’histoire. En vrai candide, sa naïveté rend comique des scènes qui auraient pu n’être que cruelles. Et surtout, ce voyage au cœur de l’enfer le transforme, le façonne. C’est un véritable parcours initiatique auquel nous sommes conviés, nous emmenant d’un registre comique au tragique final.
Le choix de raconter un événement ayant entrainé des millions de personnes dans son tourbillon avec seulement deux comédiens, créé de fait un décalage. Nous ne sommes pas dans un univers réaliste, nous ne cherchons pas à mettre en scène une réalité historique. Nous nous plaçons dans l’évocation, un univers onirique où tout est vrai (les dates, les lieux, les événements…) sans être réel.
—Allez, un peu de lecture. Voyons… celle-là, tiens.
Foucquet
Paroles d’auteurs
Sully Andoche et Barbara Robert
Il nous a paru évident que notre poilu personnage de fiction pouvait trouver sa place dans la vraie, la Grande Histoire. Nous avons commencé par nous raconter son histoire personnelle puis nous avons vérifié, voire modifié son parcours à partir des documents scientifiques. Jouer à se raconter l’histoire de Victoire et le replacer sur la route du guerrier, nous a fait penser à deux enfants jouant sérieusement au soldat de plomb.
L’histoire est née dans le plaisir, le rire, ce qui a su donner à la pièce cette bonne humeur, malgré la tragédie où elle prenait vie. Tout a été vérifié quant à la vraisemblance d’un tel parcours et si par contre le texte n’est, lui, pas complètement réaliste et part quelquefois dans des échappées anachroniques, voire fantastiques, la tragédie de la première guerre mondiale et la folie à laquelle elle n’échappe pas, nous a confortés sur le style plutôt libre que nous nous sommes permis d’utiliser.
— À mon commandement, cessez le feu ! Garde à vous ! Caporal Waro, je vous nomme fusilier grenadier dans la 1re division d’infanterie du corps expéditionnaire d’Orient. Rompez !
Foucquet
La Presse
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Victoire Magloire ? Jubilatoire
“La saveur et le génie d’un jeu d’acteurs qui se partagent les rôles à moitié, et ne font jamais les choses à moitié. Cros et Ibao réinventent la mise en scène, et on jubile devant leurs échanges.”
Journal de l’île de La Réunion
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Sur les sentiers de Magloire
“La Konpani Ibao embarque tous les publics sur les chemins de la mémoire dans un théâtre populaire et exigeant. Valérie Cros, qui passe d’un personnage à l’autre avec maestria et Didier Ibao, qui navigue de folie humaine en îlots d’humanité pour montrer que la guerre n’est pas qu’un jeu d’enfants, jouent leur partition vibrante avec talent, justesse et une complicité de tous les instants. Le tout, dans des tran- chées publiques qui mettent le spectateur aux premières loges en dessinant une scénogra- phie de face à face qui autorise toutes les interactivités. Vêtus de costumes à tiroir candides mais élimés, signés Juliette Adam, ils se mettent en scène en multipliant les registres dans une dynamique tragi-comique parfaitement rythmée qui ne manque ni de burlesque ni d’humour, ni de poigne, ni d’émotions. On en sort touché, le sourire aux lèvres.”
Vincent Pion, Le Quotidien de La Réunion. 26/02/2016
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Victoire Magloire ou l’optimisme
Il y a de la fantaisie dans Victoire Magloire, dit Waro, imbroglio d’identités où deux comédiens changent de rôle comme on change son fusil d’épaule pour incarner tous leurs personnages. Sur scène, au milieu d’un public assis sur des gradins qui se font face comme deux tranchées, Ibao et Valérie Cros bricolent une Guerre Mondiale avec des idées de mise en scène et les tocades narratives de leurs auteurs, Sully Andoche et Barbara Robert. Quelques sacs de sable, des panneaux de direction, les mouvements stratégiques d’une bataille commentés comme un match de foot : ils déploient l’arsenal bric-à-brac du théâtre de rue et de la comédie pour faire rentrer la Grande Histoire dans leur petit budget. Mais ce souf e épique au ventilateur et la technique humoristique servent une documentation rigoureusement piochée dans les recherches de l’historienne Rachel Mnemosyne-Fevre.
Maëlys Peiteado, L’Azenda
En scène
Photos © F.L. Athénas
vidéo
Victoire Magloire, dit Waro
Texte
Sully Andoche et Barbara Robert
Mise en scène
et interprétation
Didier Ibao et Valérie Cros
Costumes
Juliette Adam.
Lumières
Nicole Léonforte
Administration
Karen Dardelin
Production
Konpani Ibao
Co-production
Théâtre Les Bambous, Centre dramatique de l’océan Indien ; Mission du Centenaire
Accueil en résidence
Théâtre Vladimir Canter, Collège Deux Canons, Théâtre Les Bambous
Documentation
Rachel Mnémosyne-Fèvre, Jean-Luc Arnould, Corinne Masson
Photos
François Louis Athénas
Design graphique
Kamboo