KONPANI IBAO
Créée en 2009, la Konpani Ibao est dirigée par trois anciens élèves du Conservatoire de La Réunion, diplômés des premières promotions de la classe d’Art Dramatique (1999-2000). Devenus acteurs et pédagogues confirmés, Valérie Cros et Didier Ibao en sont le cœur artistique quand Karen Dardelin, ayant quitté les planches en 2006, en est la cheville administrative et financière. Tous les trois, ils dirigent le Théâtre sous les Arbres au Port de La Réunion depuis 2016.
THÉÂTRE MASQUÉ
La Konpani Ibao place le lien entre le théâtre masqué et le public réunionnais au cœur de sa recherche. Parce qu’elle considère le théâtre avant tout comme un partage, la base de sa démarche est le lien à la langue, à l’imaginaire collectif, aux références populaires et aux références communes (mythes, Histoire). Elle propose un objet artistique dans lequel le public se reconnaît, se divertit et s’interroge. La farce ou la comédie est le point de rencontre idéal. Parce que ce registre ne véhicule pas en lui d’a priori élitaire, parce qu’il semble ne se placer que dans le divertissement, il peut constituer ce pont permettant l’échange et le partage.
Devant l’absence récurrente d’un public populaire dans les salles de spectacle, amener le théâtre hors les murs est complémentaire de sa démarche. En devenant nomades, les créations de la Konpani Ibao retissent un lien et créent ainsi des passerelles entre la rue et la boîte noire.
Dans ce mariage entre Jean Vilar et le théâtre de tréteaux, leurs spectacles se jouent dans les salles comme dans les quartiers, médiathèques, petites places publiques, établissements scolaires, voire en appartements, chez l’habitant…
Ainsi, le théâtre porté par la Konpani Ibao est un théâtre de proximité s’attachant à promouvoir et valoriser la langue, à questionner la société réunionnaise sur sa singularité, son universalité, son devenir, dans une forme vagabonde utilisant le matériau poétique, forte- ment présent dans la culture réunionnaise.
UNE ESTHÉTIQUE POPULAIRE ET ENGAGÉE
Par populaire, il faut entendre une proximité avec le public. Bien sûr, il y a les thèmes abordés, le registre choisi – comique le plus souvent, afin de favoriser la complicité – et la langue, mais il y a aussi, et surtout, l’abolition des barrières.
Pas de protocole, ni de rituel, ni d’anonymat. Les comédiens saluent et accueillent les spectateurs, voire les installent, prennent le temps d’échanger avec eux et se mettent en place pour jouer. Les étapes habituelles : arrivée, installation et jeu ici s’enchaînent. C’est simple : les comédiens, les personnes et la pièce. Tout se fait à vue, tout se construit sous le regard, dans l’instant. Le public assiste au spectacle, mais il est aussi le témoin de ses ficelles, lesquelles en deviennent spectaculaires.
C’est le jeu entre les différents registres qui participe au plaisir du spectateur : de la juxtaposition de la fiction à la réalité de la représentation en passant par la participation du public.
L’ambition est d’être polysémique dans la mise en scène comme dans les textes. C’est la qualité de ces derniers qui fonde le geste artistique, c’est cette qualité qui permet d’atteindre une forme de « classicisme ». La dramaturgie donne un cadre à cet art de la harangue et du tréteau pour lui permettre d’être un théâtre engagé et vivant.
DES CHANTIERS DE RECHERCHE NOMADES
La Konpani Ibao a toujours lié théâtre et territoire. Les recherches, les répétitions, les créations et la diffusion sont autant d’occasions pour inviter la population, premier sujet d’inspiration des masques, à suivre son parcours.
Afin de pouvoir jouer au plus près des publics, partout ou presque, la Konpani Ibao développe les formes simples d’un théâtre nomade : un texte, le jeu, une scénographie légère, des lumières sobres et des costumes longuement travaillés qui évoquent et racontent dans la nudité du reste.
Au fil du temps, cette démarche artistique s’est affirmée pour inscrire, à chaque étape, un aller-retour per- manent entre quartiers et pratique théâtrale. Chaque implantation hors les murs est associée à une forme d’accompagnement. Fondées sur le contact et l’échange, les résidences sont pensées pour favoriser la prise de parole, développer le lien entre habitants d’un même quartier, changer le regard sur la culture et susciter un désir de théâtre mêlant intimement culture et convivialité.
Cette conception du métier s’appuie sur le tissu associatif local, les écoles environnantes, les médiathèques ou encore les centres d’action sociale, afin de rayonner le plus largement possible tout en créant un réseau et des liens facilitant l’accès au théâtre, au lieu comme à la pratique.
LES MASQUES
Outre le résultat d’un partage permanent avec la population, le masque est le fondement du geste artistique de la Konpani Ibao. Un théâtre masqué, un kabar maské, dont le panthéon de personnages populaires est représentatif de la société réunionnaise.
Les masques choisis évoquent La Réunion d’hier et d’aujourd’hui, les communautés qui la com- posent, leur histoire comme leurs relations. Objets scéniques transitionnels, passeurs/révélateurs, ils permettent la représentation, l’identification et le passage d’un personnage à l’autre, sans autre rituel que la transformation : le porter ou l’ôter. Ainsi, il y a toujours plus de personnages que de comédiens dans son répertoire théâtral. Les sujets, les références et l’esthétique complètent l’essence du jeu. Ici, pas de mimique mais un rapport texte/jeu/masques/public redéfini au plus vrai.
Dans la diversité de ses origines, toute la population réunionnaise possède une relation au masque, qu’il soit africain et rituel, indien avec le Kathakali, asiatique avec les masques balinais, le théâtre Nô et Kabuki, ou encore européen avec la Comedia dell’arte. C’est dans la mise en relation de ces masques dénués de préjugés raciaux que la Konpani Ibao tente d’approcher au mieux la complexité d’une île où chacun prend et occupe une place dans le corps social, générant un certain type de relations, une hérédité socio-économique et, heureusement aussi, des transgressions.
A la fois représentants d’un individu et d’une catégorie de population (ici sociale ou communautaire), ancrés dans le territoire, ils parviennent à entrer dans la complexité réunionnaise, dans son humanité profonde, pour faire naître une famille, une mini-société, un reflet théâtral de nous-mêmes, et toucher au réel, à l’universel, pour mieux l’appréhender.
Dès lors, ces masques peuvent évoluer d’une pièce à l’autre, changer de contexte, d’origine et d’habits, s’ancrer dans un passé, un présent ou un futur, raconter leur rapport à la société, et continuer à vivre et à nuancer l’Histoire de La Réunion. C’est un acte artistique possédant en lui toutes les capacités de se transmettre à d’autres générations d’auteurs, de metteurs en scène et d’acteurs, comme les autres familles de masques citées plus haut.
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